Masse et poids (et notion de force)

(1) LA MASSE.

  La masse de tout objet nous renseigne sur la quantité de matière constituant cet objet. Elle s'exprime en kilogramme (kg) ou multiples (tonne : t) ou sous-multiples ( gramme : g, milligramme : mg ; etc).
masse d'un clou : 5 g
masse d'une pomme : 100 g
masse d'un bébé : 4 kg
masse d'un adulte : 65 kg
masse d'un camion : 30 t
Par exemple, entre deux pommes, l'une de 80g et l'autre de 160 g, celle qui contient donc le plus de matière (où donc  il y a le plus à manger), c'est indépendamment du volume, ou de la taille, celle de 160g.

A noter : le mot masse est souvent associé (de par le vocabulaire courant, par des termes tels que massif, massue, une masse à frapper), à une quantité « importante ». On peut pourtant parler de masse d'un moustique, d'un atome tout autant que celle d’un éléphant ou d’une enclume !

(2) LE POIDS.


 Dans la vie courante, la notion de poids est confondu avec la notion de masse (on dit par exemple qu'on trouve son poids de 60 kg trop important !). Or ces deux notions sont différentes.

 Tous les objets, des plus petits aux plus gros, situés dans le voisinage d'une planète, telle que la Terre, sont attirés par celle-ci, vers son centre : c'est le phénomène d'attraction universelle, découvert et formalisé par Newton. (d'où la pomme en clin d'œil...)

 Cette attraction planétaire est désignée plus souvent par les physiciens sous le nom de pesanteur. Le terme de poids étant le plus souvent réservé au cas où la planète en question est la Terre ; (mais rien n'empêcherait de parler de poids lunaire, de poids martien, etc..)



  Le poids d'un objet est donc une force, toujours dirigée localement selon la verticale, vers le bas. (Direction d'un fil à plomb: le poids du plomb est responsable du fait que le fil est tendu, selon la verticale.)

(3) QU’EST QU’UNE FORCE ?

Là encore, le vocabulaire de la vie de tous les jours est flou (« manquer de forces », « ce gars là, quelle force ! », …).

Plus précisément, une force est une action mécanique pouvant déformer un objet ou bien modifier (ou créer) un mouvement. Les physiciens la modélisent par un vecteur (représenté par une flèche et noté en gras), qui réunit les caractéristiques de cette force : direction et sens, valeur numérique (intensité) qui s’exprime en Newton (N) (en hommage justement au physicien anglais ),  et point d’application.
 
 Pour notre pomme, le poids sera donc représenté par une flèche verticale P, vers le bas, appliquée en un point appelé centre de gravité.
pomme
La pomme étant immobile sur l’arbre, il est nécessaire de faire intervenir une 2eme force F (exercée par la branche sur la tige) qui compense le poids, sinon…
chute libre
…c’est la mise en mouvement : chute !

(4) QUAND LES NOTIONS DE POIDS ET DE MASSE SE REJOIGNENT...

Si nous résumons  pour l'instant  : la masse d'un objet mesure la quantité de matière tandis que son poids est une force, exercée par la Terre sur cet objet.


  Mais il est facile de comprendre que le poids de l'objet est d'autant plus grand que la masse de l'objet augmente. En d'autres termes l'attraction exercée par la Terre sur l'objet augmente au fur et à mesure que la quantité de matière contenue dans cet objet augmente. Par exemple, le poids d'un moustique est plus petit que celui d'un éléphant, car leurs masses sont différentes ! Masse et poids sont deux quantités proportionnelles. Si la masse d'un objet double, son poids double également. Le poids (l'intensité de l'attraction terrestre) d'un objet de masse m exprimée en kg est donné par la relation de proportionnalité P = m * g où g est un coefficient de proportionnalité valant sur Terre à peu près 10 ( 9,81 exactement) et appelé intensité de la pesanteur.


Par exemple le poids de la pomme de 80 g est de 0.08 x 10 soit 0,8 N. Le poids de la pomme de 160 g est de 1,6 N. (Sur le schéma n’ont été notées que les masses)

Dans la mesure où les deux valeurs de masse et de poids sont proportionnelles, on comprend pourquoi il est si peu souvent fait de distinction dans la vie de tous les jours. Exprimer l'une revient à exprimer l'autre. Si on pouvait changer de planète, la différence apparaîtrait mieux, car si la masse d'un objet ne change pas ( sauf si on croque dans la pomme!), l'attraction exercée par la planète peut, elle, changer. Ainsi, sur la Lune, le coefficient g vaut 1,6 seulement. Un objet de poids 100 N sur la Terre (donc de masse 10 kg) a un poids lunaire de 16 N, six fois plus petit. Les astronautes pouvaient emmener un très lourd équipement (scaphandre, réserves d'air…) sans inconvénient. Ou tenter des records de saut en hauteur (quoique le scaphandre est peu souple et la fantaisie peu de mise lors de ces missions : lire plutôt les aventures de Tintin sur la Lune, où les phénomènes sont décrits presque toujours avec rigueur scientifique).



(5) ET DANS L'ESPACE ?

La masse n'est évidemment pas modifiée. Par contre le poids ira diminuant au fur et à mesure qu'on s'éloigne de la Terre, mais il ne s'annulera jamais, sauf dans le cas limite où on se trouve infiniment loin de la Terre.
Voici un petit tableau donnant pour un objet de masse 10 kg l'intensité de son poids (intensité de l'attraction terrestre) pour quelques altitudes.
Altitude
0 (niveau de la mer)
100 km
1000 km
10 000 km
Poids
98 N
95 N
72 N
15 N


L'atmosphère finit vers 200 km. Vous constatez qu'au dessus, dans le vide de l'espace, le poids n'est ni nul, ni même négligeable : la présence ou l'absence d'air n'a en effet aucun lien avec l'attraction planétaire ; ce sont deux choses distinctes.

Les phénomènes dits d'apesanteur (ou d'impesanteur, pour éviter des confusions à l'oral) pour lesquels l'attraction planétaire semble nulle sont assez délicats à expliquer. Disons seulement que leur cause n'est pas une absence d'attraction (la majorité des orbites des satellites ou de la navette se situe entre 200 et 1000 km, où l'attraction terrestre est encore très forte, voir le tableau) ; en deux mots, ce phénomène d'impesanteur provient du mouvement du vaisseau :


Dans la navette spatiale en orbite
Dans un avion d'entrainement terrestre en chute parabolique (avion ZéroG du CNES)

(6) LA MESURE DES MASSES OU DES POIDS  (LES BALANCES).

Il existe en gros deux types de balances : Celles qui mesurent directement un poids, d'après la déformation plus ou moins importante d'un ressort, comme par exemple le pèse-personne, ou pour les balances plus modernes (électroniques) la déformation d'une "jauge de contrainte". Le constructeur gradue directement en kg, car poids et masse sont proportionnels ; ce type de balance donnerait des indications erronées sur une autre planète, par exemple la Lune.
Celles qui comparent des masses, comme par exemple la balance Robertval, ou qui sont basées sur le déplacement d'une masselotte (pèse-lettres) : il y a équilibre si les masses posées sur les plateaux sont égales : cela nécessite donc l'utilisation de masses marquées,(qu'on appelle d'ailleurs improprement poids !). Comme ces balances fonctionnent par comparaison de masses, elles donneraient aussi des indications correctes ailleurs que sur Terre.

(7) LES EQUILIBRES.

Dans les situations de classe, on travaille souvent cette notion par des manipulations faisant intervenir des objets assez lourds (écrous, pièces de monnaie, pinces à linge), qu’on dispose sur une barre pouvant tourner autour d’un point fixe.


En fait, même si les élèves comptent les objets fixés ou lisent leur masse, lors de ces manipulations, on compare (et on trouvera une relation entre ) des poids : si on place deux pinces à gauche et une pince à droite, cela revient à avoir un poids double à gauche.

Cette précision est utile lorsqu’on réfléchira au fonctionnement du levier. En effet dans ce cas, on essaie de soulever un objet lourd, en exerçant justement une force F qu’on veut la plus faible possible (pour se fatiguer le moins possible !).
levier

(8) EN CONCLUSION...

Ces distinctions, subtiles, n'ont pas à être abordées à l'école élémentaire. On pourra parler indifféremment de poids d'un objet pour désigner sa masse, de dire peser à la place de mesurer la masse. La différentiation n’a d’opportunité que lors de phénomènes « exotiques » (en astronautique). Par contre on pourra désigner correctement : " la boite de masses marquées ", objet d’ailleurs de plus en plus rare dans notre quotidien.

Quelques petites questions pour finir :

-1- Calculer votre poids.
-2- Quand vous achetez un filet de pommes de terre, qu'est-ce qui vous importe, le poids ou la masse du filet?
-3- A la Cité des Sciences et Techniques de la Villette à Paris, il y a 3 pèse-personnes, l'un prévu pour fonctionner sur la Terre, l'autre sur la Lune, le dernier sur Mars. Ils sont gradués en kg. Vous montez sur chacun d'eux. Que doivent-ils indiquer?
-4- Cela a-t-il un sens de parler du poids de la Terre?
réponses

menu